L’UE divisée sur la réforme du secteur de la pêche

Le devenir du secteur de la pêche en Europe et en Méditerranée devrait attendre encore des années pour que soit enfin mis fin à l’exploitation effrénée des ressources halieutiques. La réunion des ministres européens de la pêche en ce début de semaine à Luxembourg, n’a abouti finalement qu’à des demi-mesures. Il faudra alors attendre le verdict du parlement européen qui pourrait tomber dans un an. Les puissants lobbies de la pêche industrielle ne sont pas repartis les mains vides. Ils ont eu un délai de grâce jusqu’à 2020 avant que les pêcheurs européens soient soumis à la nouvelle règlementation devant prohiber la surpêche en zone euro-méditerranéenne, et à la réduction de leur flotte. Etant classée quatrième puissance mondiale de la pêche après la Chine et le Pérou et l’Indonésie, la flotte européenne en surcapacité, rend 75% des stocks de l’UE victimes de la surpêche, contre 25% au niveau mondial. Aujourd’hui, cette flotte est contrainte d’aller chercher ailleurs, le poisson qui se fait rare dans ses propres eaux, comme par exemple en Mauritanie, au Sénégal et au Maroc, où les pêcheurs locaux n’ont cessé de dénoncer la surexploitation des ressources halieutiques nationales par la flotte étrangère.
En dépit de l’urgence des mesures prévues par la réforme, les ministres de la pêche ont abordé le sujet en rangs dispersés. La France et l’Espagne qui s’accaparent aux côtés du Danemark et du Royaume Unis, la moitié des prises au sein de l’UE, voulaient à tout prix retarder les échéances. Alors que d’autres se sont alignés sur les positions de la commissaire européenne de la Pêche, Maria Damanaki et des ONG environnementales plaidant en faveur de l’entrée en vigueur dans les courts délais, de la nouvelle règlementation.
A l’ouverture des débats mardi à Luxembourg, une centaine de militants de Greenpeace, OCEAN2012, Oceana, Seas At Risk, Birdlife Europe et le WWF, s’étaient  rassemblés sur les lieux pour dénoncer la surpêche et réclamer la réduction de la flotte de pêche européenne. Dans un communiqué commun, ces ONG ont exhorté les ministres à ne pas céder aux caprices des industriels de la pêche.
D’emblée, Greenpeace estimait insensé l’idée d’étaler la dite réforme jusqu’à 2020, comme le proposait la présidence danoise de l’UE. Celle-ci suggérait de repousser de 2015 à 2020 la date butoir pour pouvoir régénérer tous les stocks des espèces de poissons victimes de la surpêche.
Pour Damanaki, la présidence danoise n’a prévu aucune mesure contraignante pour résoudre le problème des surcapacités de la flotte de pêche européenne.
Mais, le pressing de certaines puissances de la pêche, a fini donc par avoir raison de la volonté des autres pays qui soutiennent la réforme. Les ministres européens de la Pêche ont certes adopté des mesures destinées à mettre fin à des décennies de surpêche dans l’UE, mais en contrepartie, leur mise en application a été repoussée à des dates ultérieures.
Ils ont également approuvé l’interdiction mais à titre progressif, des « rejets », une pratique qui consiste à rejeter par-dessus bord, les poissons non commercialisables au lieu de les débarquer au port pour leur transformation en farine de poisson. Selon les experts et les ONG, pas moins de 1,3 million de tonnes de ces poissons, sont rejetées chaque année à la mer.
L’interdiction des rejets ne sera pleinement mise en oeuvre qu’en 2018, au lieu de 2016 et la date-butoir pour la régénération des stocks jusqu’à un niveau « durable », comme le suggérait Damanaki, pour 2016 à été renvoyée jusqu’à 2020.
Sans un calendrier contraignant pour imposer cette interdiction, on ne ferait que « répéter la situation actuelle », a prévenu la commissaire européenne.
A son arrivé à Luxembourg, le ministre espagnol de l’agriculture et de la pêche, Miguel Arias Canete déclarait sans complexe qu’ »il serait absurde que l’Espagne (première puissance de pêche européenne) soit la grande perdante de la réforme ».
Les scientifiques, très sceptiques, prédisent que la plupart des espèces aujourd’hui commercialisées, auront disparu des océans d’ici à 2050, si le mode actuel de la pêche n’est pas changé. D’autres pays comme le Maroc et d’autres pays sud-méditerranéens, sont directement concernés par le sujet, pourtant ils ont été mis à l’écart des débats !

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