L’aviculteur marocain essoufflé par la canicule, la TVA et les prix élevés des matières premières

Les éleveurs de volailles sont pris de panique et ne savent pas à quel saint se vouer. La raison réside dans la flambée des prix des matières premières sur le marché international et la vague de chaleur excessive qui a récidivé à trois reprises depuis le mois de mai dernier. Devant l’inertie des autorités de tutelle, les professionnels de la volaille commencent à critiquer ouvertement le ministère de l’Agriculture qui n’a rien fait pour réduire ne serait-ce qu’à titre provisoire, les taxes imposées à la profession. Devant une telle situation, nombreux sont les éleveurs qui ne vont pas tarder à mettre les clés sous le paillasson. La Fédération Interprofessionnelle du secteur avicole (FISA) a d’ailleurs dressé tout récemment, un sombre tableau du secteur.
Avec la hausse des prix des matières premières sur le marché international, durant les trois derniers mois de mai et juin, les prix du maïs et du tourteau de soja affichés actuellement à Casablanca, s’élèvent selon la FISA, respectivement à 6,90 et 3,30 DH/kg. Ces deux matières premières constituent à elles seules 90% des intrants dans l’aliment composé. Leur incidence globale est de l’ordre de  0,70 DH/kg sur le prix d’aliment du poulet de chair, de 0,75 DH/kg pour l’aliment de la dinde et de 0,40 DH/kg pour l’aliment destiné au gros bétail (bovins, ovins et caprins).
L’incidence sur les produits avicoles est estimée à 1,40 DH/kg poids vif du poulet, 1,73 DH/kg pour la dinde et 0,15 DH pour l’œuf de consommation.
A la date d’aujourd’hui, cette incidence est supportée entièrement par les éleveurs qui ne peuvent pas répercuter la TVA à la vente des produits avicoles.
Avec les vagues de chaleur, la plupart des exploitations ont enregistré des pertes,  atteignant un seuil où les éleveurs ne sont plus capables d’honorer leurs engagements financiers vis-à-vis des fournisseurs et des banques.
Conscient de la vulnérabilité du secteur, l’Etat a certes pris auparavant des mesures d’accompagnement pour maintenir la productivité et la compétitivité des activités avicoles (réduction des droits d’importation au taux minimum (2,5%) sur la quasi-totalité des matières premières, et subvention d’un certain nombre d’équipements des élevages etc.). Mais la conjoncture actuelle exige de nouvelles mesures d’urgence.
Pour pouvoir franchir sans trop de dégâts cette étape de forte turbulence, les aviculteurs attendent du gouvernement de :
– Remédier à la problématique de la TVA qui pénalise tout le secteur.
– Suspendre provisoirement la perception du droit d’importation et de la TVA appliquée à toutes les matières premières destinées à la fabrication des aliments composés.
– Suspendre immédiatement et à titre provisoire la perception de la TVA locale.
– Activer la réduction au taux minimum (2,5%) du droit d’importation appliqué sur les matières grasses protégées, la graine de soja et ce pour tous les utilisateurs et le tourteau de soja quelque soit son origine.
– Activer l’autorisation d’incorporer le blé fourrager dans l’aliment composé, tant il s’agit d’un ingrédient qui peut se substituer au maïs à hauteur de 30%.
– Prévoir la possibilité de subventionner l’aliment composé destiné à la nourriture des volailles.
Sans l’intervention immédiate de l’Etat pour venir en aide aux aviculteurs sinistrés, la situation du secteur risque d’empirer.
D’ailleurs, les professionnels de l’aviculture se demandent et à juste titre, pourquoi l’élevage du poulet de cher et de la dinde est classé dans la catégorie l’agro-industrie pour être imposé contrairement à l’élevage du gros bétail qui est exonéré d’impôt à l’instar du secteur agricole. Une interrogation légitime qui attend depuis des années une réponse des autorités de tutelle, mais en vain.

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