Les capitaines de huit bateaux de pêche de la société UMEP (Union Maroc Emirats arabes unis de pêche) refusent d’appareiller en guise de protestation contre le licenciement de deux membres de leurs équipages. Seul l’équipage du neuvième bateau de la société a pu déjouer les plans des grévistes pour sortir en mer.
Le personnel en grève depuis le 13 novembre dernier, a réussi à paralyser les huit autres bateaux dans l’enceinte portuaire. Ils ont enchaîné les chalutiers de pêche, les uns aux autres puis au quai, créant ainsi une barrière infranchissable, rapporte le quotidien l’Economiste dans son édition du 22 novembre.
Bien que ne figurant plus sur le registre des équipages de la société, les neuf capitaines en grève occupent les bateaux de la société UMEP, filiale du groupe Société Maroc Emirats arabes unis de développement (Somed) qui opère dans la pêche hauturière au Maroc depuis 1989.
Cette grève tombe au mauvais moment pour la société maroco-émiratie qui opère en pêche hauturière, s’apprêtait à entamer sa campagne de pêche après la fin de la période de repos biologique décrétée dans la zone sud.
La contestation sociale ne fait qu’aggraver sa situation financière de l’UMEP qui souffre déjà d’un gros déficit de 16 millions de DH relevé au 31 octobre dernier, dû essentiellement à la chute de 50% des cours du poulpe sur le marché international qui est passé en un an de 12.000 à 6.000 dollars la tonne. Avec la hausse du coût des charges qui ont flambé, notamment le prix du gasoil qui est passé à plus de 8.000 DH la tonne, la société UMEP se retrouve dans une situation plus grave. Depuis le début de la grève, la société déplore un manque à gagner de l’ordre de 15.000 dollars par jour.
La flotte de l’UMEP qui compte 9 chalutiers congélateurs d’une capacité de 130 tonnes chacun, opère au sud du Maroc, entre le nord de Dakhla et la Mauritanie. Elle concentre son activité sur la prise de céphalopodes (poulpe, calamar, seiche) et de poissons blancs. Sa production annuelle moyenne de 2500 tonnes, dont 1500 T de Céphalopodes, est destinée à 98% à l’exportation vers les marchés japonais, espagnol et italien.
Le conflit social a éclaté au lendemain du licenciement d’un capitaine et du chef d’armement de l’entreprise, dont les grévistes réclament le retour à leurs postes, ce que refuse la direction de l’UMEP. Du côté de la société on assure que «les deux employés en question, ont été licenciés pour faute professionnelle grave. L’un d’eux, capitaine de navire, a été renvoyé pour vol qualifié, preuve à l’appui », précisant qu’il est même poursuivi en justice.
Les capitaines ne veulent pas en découdre, malgré les nombreuses tentatives de la société pour les débarquer et les appels à l’ordre de la part des autorités maritimes du port d’Agadir.
La direction de l’UMEP a également porté plainte en justice contre les capitaines pour «entrave à la liberté au travail», dont une première audience a été fixée pour le 10 décembre prochain. Elle a aussi déposé une action en référé le 21 novembre auprès du tribunal de Première instance d’Agadir. Un dossier à suivre.