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Pour faire face à la crise persistante de l’élevage national à moitié décimé par six années de sècheresse et à l’approche de l’Aïd Al-Adha, le Maroc a pris des mesures exceptionnelles en s’approvisionnant en moutons australiens.
Mark Harvey Sutton, PDG du Conseil des exportateurs de moutons australiens (ALEC), a confirmé que le Royaume prévoit d’importer jusqu’à 100.000 têtes de moutons vivants par an.
Selon la plateforme spécialisée « Sheep Central », cette importation constitue une « priorité urgente » pour le Maroc, qui fait face à une baisse significative de son cheptel national en raison de six années consécutives de sécheresse.
Une délégation marocaine de 15 membres se trouve actuellement à Perth pour finaliser les discussions, alors que les exportateurs australiens ont déjà été informés que ce partenariat pourrait se prolonger avec une augmentation progressive du nombre d’ovins à importer.
Le ministre marocain de l’Agriculture, Ahmed El Bouari a révélé une baisse alarmante de 38 % du cheptel national par rapport à 2016, précisant que ette diminution s’est traduite par une chute du nombre d’abattages, passant de 230.000 à environ 130.000 à 150.000 têtes, ce qui a engendré une pression accrue sur l’offre et une hausse des prix de la viande rouge.
Pour remédier à cette situation, le Maroc a pris des mesures dans le cadre de la loi de finances 2025, notamment la suspension des frais d’importation et l’exonération de la TVA sur les bovins, moutons, chèvres et viandes rouges importés. Cette initiative vise à stabiliser les prix et à assurer un approvisionnement suffisant à l’approche de l’Aïd Al-Adha, la grande fête religieuse au Maroc.
Selon le chef de la mission marocaine en Australie, Tawfik El Achchabi, haut cadre du ministère marocain de l’Agriculture, le marché australien présente des avantages significatifs qui, en plus de sa capacité à fournir un volume important de bétail, l’Australie garantit des conditions sanitaires optimales et des standards élevés en matière de bien-être animal. De plus, les derniers accords sanitaires conclus fin 2024 entre les deux pays, faciliteront et accéléreront l’arrivée des expéditions du bétail au Maroc.
Cependant, la logistique de transport constitue un défi en raison de la distance entre les deux pays. Bien que les exportateurs australiens aient indiqué qu’il y a suffisamment de navires disponibles, l’interdiction estivale d’exportation des moutons vivants en Australie, qui doit entrer en vigueur en juin, pourrait compliquer les livraisons. Néanmoins, une exception pourrait être faite pour le Maroc, selon ALEC, en raison de la demande urgente et de l’importance de ce marché pour les éleveurs australiens.
En janvier et février 2025, le Maroc a déjà augmenté significativement ses importations, avec 21.800 têtes de bovins, 124.000 moutons et 704 tonnes de viande rouge importés, l’objectif étant non seulement d’assurer l’approvisionnement pour l’Aïd al-Adha, mais aussi de compenser le déclin du cheptel local.
Avec cette nouvelle stratégie d’importation massive de bétail vise à stabiliser le marché national de la viande rouge en attendant une prochaine réforme structurelle du secteur de l’élevage pour faire face aux défis climatiques et économiques futurs.
