Le management du groupe Omnium Marocain de Pêche (OMP), le plus gros armateur de la pêche hauturière au Maroc, a décidé, fin mai dernier, l’arrêt de ses activités au port de Tan-Tan.
De ce fait, les 56 bateaux de pêche que compte le groupe dans le seul port de Tan-Tan sont immobilisés à quai, mettant au chômage forcé 1.200 de ses marins en plus de quelque 800 employés des unités industrielles détenues par l’entreprise (usines de congélation et de transformation et une unité de réparation des navires à terre). Cette décision lourde de conséquence au plan social, la direction générale du groupe l’explique par la baisse des prises et de la production. « Aujourd’hui, pour un opérateur qui respecte les normes et qui déclare tous ses salariés, la pêche n’est plus rentable», confie à des médias nationaux, le directeur général de l’OMP, Omar Bensouda. Celui-ci se dit même étonné par l’argumentaire développé par le syndicat national des officiers et marins de la pêche hauturière (SNOMPH) qui soutient de son côté que la décision de l’OMP ne peut être justifiée. Car, selon le secrétaire général du syndicat, Abderrahmane El Lyazidi, la décision de l’OMP intervient «à un moment où la filière poulpière a repris ses activités le 5 juin dans différents ports du Royaume et où les prises réalisées jusqu’à aujourd’hui, sont les meilleures depuis dix ans».
Mais le DG du groupe ne l’entend pas de cette oreille. Depuis 2008, date de l’arrivée de la nouvelle équipe au port de Tan-Tan, explique-t-il, « la ressource ne fait que chuter », rappelant que pour la marée d’hiver 2008, le volume des prises était de 20.000 tonnes, alors que durant la campagne 2012, les captures atteignaient à peine les 5.000 tonnes.
Les pêcheurs qui arrivent à s’en sortir dans de pareilles conditions, argue-t-il, « ne déclarent pas leurs prises et/ou font dans l’évasion sociale ».
Chaque année à pareille époque c’est toujours la même histoire. Déjà en 2011, l’OMP avait suspendu les activités de sa flotte et de ses unités de production du 18 juillet au 5 septembre 2011 pour des malentendus avec la banque et l’assurance du groupe. Les employés et les marins qui constituent le maillon faible de la chaîne, se retrouvent à chaque fois au chômage puisqu’ils sont engagés sur la base de Contrats à Durée déterminée (CDD).
Mais pour les marins, la notion de ce genre de contrat reste plutôt floue, car à chaque marée, ils sont repris par l’entreprise pour travailler à bord de ses bateaux. Pour El Yazidi, «l’OMP est en train de faire du chantage au gouvernement pour arracher une nouvelle forme de rente par le biais d’un accès privilégié au stock de la sardine au sud sans passer par les appels d’offres déjà lancés». Au lieu d’aller le pêcher en mer, le groupe préfère l’acheter aux pêcheurs. Créée en 1978, l’Omnium Marocain de Pêche qui dispose d’infrastructures d’utilité publique, a son poids sur l’économie de toute la région de Tan-Tan et sa population. Donc, c’est une affaire qui mérite fort bien l’intervention et l’arbitrage du ministère de l’agriculture et de la pêche maritime, car il s’agit du gagne pain de près de 2000 familles qui est en jeu, même si la direction du groupe promet que ses 56 navires ressortiront de nouveau pour la campagne d’hiver.
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