Aviculture : la chaleur et les prix en hausse, les pertes se comptent en millions de DH

La hausse des températures n’explique pas à elle seule la flambée des prix des produits avicole et l’aggravation des pertes du secteur, il y a aussi la montée en flèche des prix des matières premières (maïs et soja) qui alourdissent le fardeau des professionnels.
En dépit de l’augmentation ces derniers semaines des prix du poulet de chair et des œufs de consommation, les aviculteurs commencent déjà à comptabiliser leurs pertes après cette nouvelle vague de chaleur, la quatrième en trois mois, qui touche l’ensemble du territoire national, y compris les régions du littoral. La montée du mercure ne passe pas sans occasionner de sérieux dégâts non seulement dans le fragile secteur avicole mais également dans les filières de l’arboriculture fruitière. Bien qu’à la date d’aujourd’hui, aucune estimation officielle n’est disponible, les professionnels de la volaille s’attendent à de lourdes pertes en termes de taux de mortalité et de perte de poids consécutifs aux hautes températures qui ont frôlé par endroit, les 48 C°.  En pareilles circonstances, le taux de mortalité recensé dans les élevages est en moyenne de 10 à 15 % à l’intérieur du pays et de 3 à 5% dans les zones côtières. En plus, les chaleurs excessives influent négativement sur le poids des volatiles et leurs performances zootechniques de production. Suite à la vague de chaleur du mois de juin dernier, la Fédération interprofessionnelle du secteur avicole au Maroc (FISA) avait avancé le chiffre de 131 millions de DH comme perte du secteur, toutes filières confondus (poulet de chair, dinde, pondeuse et reproducteur). Ces variations saisonnières des températures ont également pour conséquences de perturber le marché des produits avicoles avec des hausses et des baisses parfois conséquentes tant pour le pouvoir d’achat des consommateurs que pour les éleveurs qui en payent les frais en cas de chute des prix ou d’un taux élevé de mortalité.
Les professionnels se plaignaient déjà du renchérissement sur le marché international des prix des matières premières, particulièrement le maïs et le soja qui interviennent à 90 % dans la composition de l’aliment de volaille. En juillet, les prix rendus de ces deux matières premières à Casablanca,  s’élevaient à 3,30 DH/kg pour le maïs et 6,90 DH/kg pour le tourteau de soja. L’envolée des prix de ces intrants font augmenter le coût de revient du producteur à telle enseigne que ces derniers temps, le kilo du poulet vif coûte à l’éleveur plus de 16 DH alors que le prix de vente à la ferme a oscillé durant juillet et août entre 13 et 14,30 le kilo vif. Aussi de nombreux aviculteurs même parmi les grands producteurs finissent par tomber dans les difficultés de payement envers leurs fournisseurs ou leurs banques. Et en cas d’imprudence ou d’aventurisme c’est la prison qui les attend pour défaut de payement des chèques ou des traites. Le secteur avicole, de l’avis même des vieux professionnels, est un secteur à hauts risques. Même quand le secteur est dans une mauvaise situation, l’Etat n’a fait que rééchelonner les dettes des éleveurs, mais il n’est jamais allé jusqu’à effacer leur ardoise comme il l’a souvent fait au profit des petits agriculteurs et éleveurs de bétail. Un constat qui donne matière à réfléchir pour le gouvernement et le département en charge du secteur.

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