Maroc-Terroir : Le safran une aubaine céleste pour les habitants de Taliouine

La ville de Taliouine, capitale du safran, a abrité dernièrement la 6ème édition de son festival du Safran, une épice rarissime mais très sollicitée en gastronomie et chez les laboratoires pharmaceutiques.
Comme chaque année depuis 2007, la 6ème édition du festival du safran de Taliouine a été l’occasion du 29 novembre au 1er décembre, pour les cultivateurs et autres marchands et exportateurs du Safran de se rencontrer, d’exposer leurs produits et leurs savoir-faire. Le festival a été étayé par l’organisation de plusieurs tables rondes et exposés qui traitent de diverses facettes de la culture et de la commercialisation du safran.
Taliouine, une petite ville perchée à 1500 m d’altitude au pied des montagnes de l’Anti-Atlas, concentre 90 % de la production nationale du safran l’« or rouge » des berbères.
Le Maroc produit actuellement près de trois tonnes de safran par an, pour une valeur de 75 millions de Dirhams soit environ 6,75 millions d’euros. Le safran de Taliouine est très côté sur le marché mondial des épices, malgré une rude concurrence de trois autres grands producteurs mondiaux, l’Inde, l’Iran et la Grèce. Le Maroc étant classé 4ème producteur mondial, compte une superficie globale de 640 ha, dédiée à cette culture de terroir qui occupe 1.285 cultivateurs.
Selon les spécialistes de la filière, le safran de Taliouine est de meilleure qualité grâce notamment à sa forte concentration de safranal, une molécule qui lui donne un arôme puissant. Le prix du safran dans le marché mondial oscille entre 1500 et 10000 euros le kilo. Le prix de vente sur le marché national est d’une moyenne de 12.000 DH/KG pour le safran en vrac et de 100.000 DH/KG pour le premier choix.
Au Maroc, plus de 90% de la production est destinée à l’export, principalement vers le marché français, espagnol et américain.
La récolte de l’or rouge à Tailouine et Taznakht se déroule de mi octobre à mi novembre de chaque année et dure de 20 à 30 jours.
Comme tous les produits de luxe, le safran a toujours souffert au niveau de la commercialisation, d’une forte contrefaçon au Maroc et ailleurs dans le monde. Pour circonscrire ce fléau, le ministère de l’agriculture avait crée en 2010, un label pour l’or rouge, certifiant son origine et sa qualité. Ce label permet aussi de valoriser et de contribuer à une répartition équitable des revenus du safran chez les petits producteurs. C’était justement le thème d’un exposé présenté lors du festival, par une responsable du ministère de la Justice et des libertés publiques sur « la lutte contre la fraude des produits alimentaires: exemple du safran ».
Le département de tutelle a également encouragé les producteurs à se regrouper dans des coopératives, dont le nombre est passé de quatre unités en 2007 à 30 actuellement, dont 18 sont désormais réunies au sein de Dar Safran, un Groupement d’intérêt économique (GIE).
C’est d’ailleurs à la faveur des efforts de ce groupement que les producteurs ont pu obtenir l’appellation d’origine protégée (AOP), « un avantage essentiel » pour les exportateurs du safran.
Malgré cet effort, la filière n’est pas encore totalement structurée. Selon des chiffres officiels, 60% de l’exploitation se fait toujours de manière non structurée. Il faudra encore attendre un ou deux ans pour barrer définitivement le chemin aux marchands de l’informel en les intégrant dans des coopératives.
Le gouvernement a consacré à la filière, un projet quadriennal 2010-2013, qui vise à porter la production annuelle à Taliouine de 1.325 à 6.695 kg (de 2,5 à 6,5 kg/ha), à améliorer les revenus des agriculteurs  à étendre le système d’irrigation goutte-à-goutte pour couvrir 1030 ha et la création de 600 nouveaux emplois.
Une Maison du safran, dotée d’un budget de 6,5 millions de DH (585.000 euros), a aussi été inaugurée.
Malgré les effets ravageurs de la concurrence du marché informel, la culture du safran demeure une aubaine pour les 6000 villageois de Taliouine, dont le développement mérite tous les égards.

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