UE/Maroc-Pêche : Un accord difficile à conclure vu la divergence des intérêts

Les négociations entre le Maroc et l’Union européenne (UE) la conclusion d’un nouvel accord de pêche trainent depuis plus d’un an et en semblent pas voir le bout du tunnel.
Les négociateurs marocains et européens ont eu cette semaine un second round à Bruxelles, dans la discrétion totale loin en l’absence des médias des deux parties. La prorogation de l’ancien accord avait été rejetée le 14 décembre 2011 par le Parlement européen mettant fin aux activités de la flotte de pêche européenne dans les eaux maritimes marocaines. Depuis cette date et après des discussions exploratoires, les négociateurs se sont remis à table pour un premier round les 8 et 9 novembre derniers à Rabat, au cours duquel chacune des deux délégations a exposé ses points de vue, ses conditions et les modalités qu’elle retient pour le futur accord de pêche.
Leur seul point de convergence pour l’instant, s’articule sur la nécessité de placer ces négociations «sous le signe de la durabilité et sur la base des dispositions de l’ancien protocole de pêche».
Même si rien ne filtre de ces réunions, dans les coulisses on laisse entendre que le Maroc se soucie davantage de la protection des ressources halieutiques en privilégiant le partage des espèces de poissons sous-exploitées (thon, et petits pélagiques : sardines, anchois, hareng) et limiter la capture des autres espèces rares ou menacées ou haute valeur commerciale tels les céphalopodes et les crevettes, lesquelles seront réservées aux opérateurs nationaux.
Rabat a également demandé et obtenu que les négociations prennent en considération les dispositions de l’ancien accord de pêche.
De son côté, la partie européenne a présenté une offre globale s’étendant à l’ensemble des six catégories de pêche prévues par l’ancien accord, en exigeant pour les unes une augmentation du nombre de bateaux et pour d’autres la réduction des licences de pêche dans les cas de faible taux d’utilisation.
Dans la catégorie 1 qui concerne la pêche artisanale des pélagiques au nord du Maroc, les négociateurs européens ont demandé l’autorisation de la pêche au pharillon, l’extension de la zone de pêche et la baisse ou la suppression du  pourcentage de débarquements obligatoires de poissons dans les ports marocains. Ils réclament aussi la réduction du nombre de marins marocains que les bateaux européens de pêche sont obligés d’embarquer à bord à chaque sortie en mer.
Sur ces divers points le Maroc a émis des réserves par souci de pouvoir contrôler le volume et la taille des captures des pêcheurs européens. En plus, les débarquements dans les ports marocains contribuent au développement des infrastructures portuaires du pays (construction de halles au poisson, bâtiments frigorifiques) et à la création d’emplois à terre
Vu la divergence des intérêts, les deux parties sont condamnés à trouver un terrain d’entente sur la base de concessions de part et d’autre, avant d’entamer les discussions sur la contrepartie financière européenne en contrepartie des licences de pêche.
D’autres questions peut-être un peu plus délicates et qui concernent les volets politiques et socio-économiques (inclusion des zones de pêche au large des provinces du sud du Maroc et le versement d’une partie de la contrepartie financière au profit des populations de cette zone), seraient également abordées lors de ces négociations. Cependant, il faudra encore patienter un bon bout de temps, pour la conclusion du nouvel accord de pêche, tant souhaitée par les pêcheurs espagnols, dont l’aide publique est arrivée à terme le14 décembre et ne va pas être renouvelée.

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