Les aviculteurs sont très frileux aux vagues de chaleur et leur bête noire est le chergui. Quand le chergui souffle ou mercure frôle ou dépasse la 40 degrés Celsius, c’est l’alerte générale dans tout le secteur. C’est le cas cette semaine, lorsque la météo nationale a annoncé l’arrivée d’une vague de chaleur pour les journées du mercredi à samedi. Heureusement qu’il ne s’agit pas du chergui mais d’une simple vague de chaleur un peu précoce, dont l’impact tant sur l’aviculture que sur l’agriculture reste limité.
Il est connu chez les professionnels et les vétérinaires, que d’habitude, dès que le mercure dépasse un certain seuil de température, les volailles en fin de cycle ont du mal à s’alimenter, à s’abreuver et à respirer en raison de la densité au mètre carré. Dans ces conditions, si les volatiles ne meurent pas, ils perdent quand même de leur poids pour la catégorie du poulet de chair et de taux de ponte pour les poules pondeuses et les reproducteurs.
Le poids des poulets de chair stressés par la chaleur, peut chuter de 15 à 30 %. La chute de ponte et du taux d’éclosion pour les «reproducteurs d’accouvage» oscille entre 10 et 20%. Le taux de mortalité varie dans les deux catégories, d’une unité de production à l’autre et d’une région à l’autre ainsi que des équipements spécialement conçus pour rabaisser la température dans les poulaillers. L’expérience du gérant de l’unité avicole s’avère primordiale pour limiter les dégâts. Car une fois la vague de chaleur ou de chergui est annoncée par les services de la météo, le gérant doit priver sa volaille de l’alimentation tôt le matin et ne la servir qu’en début de la soirée. Les bâtiments doivent être bien aérés, parfois il faut aussi dégarnir le sol de la litière qui constitue une autre source de chaleur et mettre en marche le système de brumisation. Un apport en vitamines surtout la vitamine « C » est très utile pour la récupération des volatiles.
Enfin il est aussi connu qu’après chaque passage du chergui, la production chute et entraîne une baisse de l’offre sur le marché ce qui se solde généralement par une hausse subite des prix à la ferme comme au détail. Bien sûr, cette amélioration profite davantage aux grands producteurs qui détiennent plusieurs unités de production et appliquent le système de rotation des bandes de volailles pour être toujours présents sur le marché. Par contre, pour les petits éleveurs qui ne possèdent qu’un ou deux élevages, c’est plutôt la chance qui joue. Si sa volaille se trouve en pareille circonstance, en fin de cycle, l’éleveur profite de la hausse des prix, sinon, les pertes parfois sont doubles.
A la fin du mois de juin 2011, Les aviculteurs ont subi de lourdes pertes financières causées par la canicule. Selon les estimations de la Fédération interprofessionnelle du secteur avicole au Maroc (FISA) la mortalité des volatiles a entraîne une perte de 38,4 millions DH et les contre-performances de la production en terme de poids et de ponte, se sont soldées par un trou de 32,6 millions de DH. Dans le secteur de l’aviculture la marge du gain comme celle de la perte est très grande c’est pour cela que les professionnels comparent leur métier au jeu de poker.
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