Maroc-UE : enfin la libéralisation pour les produits agricoles et de la pêche

L’accord tant attendu du côté marocain pour la libéralisation de ses échanges agricoles et de la pêche avec l’Union européenne (UE) a été finalement adopté. Il a fallu plusieurs années d’âpres négociations et de tractations pour que ce fameux accord par ailleurs, très contesté et décrié par les agriculteurs espagnols et à un degré moindre français et italiens, voie le jour.

Le projet d’accord a obtenu la confiance de 369 eurodéputés, contre 225 qui ont voté contre et 31 abstentions, lors d’un vote en séance plénière du PE le jeudi 16 février, à Strasbourg. C’est donc un franc succès pour la partie marocaine qui a su mener avec succès ces négociations, en ralliant à sa cause, la majorité des voix au sein du parlement européen pour faire passer cet important accord, sachant que le secteur agricole représente environ 13% du PIB national. Un éventuel échec, surtout après le rejet de l’accord de pêche Maroc-UE, le 14 décembre dernier, aurait été fatal à plusieurs égards, pour l’avenir de l’ensemble du partenariat entre le Maroc et l’UE. Ayant compris l’enjeu d’une telle démarche, les eurodéputés, toute tendance politique confondue, se sont majoritairement résignés à ne pas suivre leur rapporteur sur ce dossier, l’écologiste français José Bové qui plaidait aux côtés des agriculteurs espagnols et français, pour la non adoption de l’accord agricole.
Pour Bové, un tel accord allait « placer les producteurs européens dans une situation de concurrence insoutenable sans pour autant conforter un développement équilibré au Maroc ».
Pourtant, les hauts responsables des instances dirigeantes tant à Rabat, Bruxelles ou à Strasbourg, s’accordent à dire que l’accord de libre-échange est une transaction profitable à moyen et à long terme, aux deux partenaires. Pour le ministre marocain de l’agriculture et de la pêche, Aziz Akhannouch, le feu vert du Parlement européen libéralisant davantage le commerce agricole entre l’UE et le Maroc est de nature à « relancer les relations bilatérales et d’insuffler une nouvelle dynamique au développement économique et agricole du royaume ».
Le nouvel accord prévoit des mesures de libéralisation réciproques en matière de produits agricoles et de produits de la pêche, prévoyant notamment une augmentation du volume des exportations marocaines vers le marché européen et une baisse graduelle, des droits de douanes appliqués à l’entrée de ces produits de part et d’autre.
Grâce à cet accord, 55% des produits agricoles et de la pêche, marocains exportés vers l’Europe, vont être rapidement exemptés de droits de douane, contre 33% actuellement. Dans le sens inverse, 70% des exportations européennes vers le Maroc seront exemptées de droits de douane d’ici dix ans, contre 1% seulement actuellement.
Le vote du PE constitue donc un vrai revers pour les détracteurs du Maroc surtout les formations politiques et syndicales espagnoles de droite comme de gauche. Les Espagnols, gros producteurs de fruits et légumes et notamment de tomates, craignent en effet, d’être inondés de produits importés à bas prix du Maroc et de perdre une bonne marge de leur part du marché européen, fort rémunérateur. Mais pour les pays nordiques de l’UE, l’abondance sur leurs marchés de produits agricoles de meilleure qualité et à des prix bon marché seraient un régal pour leurs consommateurs. Par ailleurs, les cote parts réservées à la tomate marocaine ne constituent à présent, que 0,8% de la production globale européenne. Et comme dit l’adage « le malheur des uns fait le bonheur des autres » et dans ce cas de figure les agriculteurs européens (espagnols et français) qui se sentent lésés par l’adoption du nouvel accord, ne sont qu’une infime minorité parmi les 27 pays membres de l’Union européenne.

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