La traversée du désert des professionnels marocains de l’aviculture

L’ambiance était terne voire triste au dernier salon de l’aviculture. Les professionnels de certaines filières du secteur ont enregistré des pertes colossales en 2011 et la descente aux enfers persiste depuis près de trois années consécutives. Malgré la participation de 350 exposants, les contacts d’affaires et du business étaient rarissime au salon Dawajine, tenu du 29 novembre au 1er décembre à Casablanca, en raison de la conjoncture difficile que traverse, ces derniers temps, le secteur. Cette triste réalité n’a rien à avoir avec les années fastes qui se sont brusquement arrêtées en 2008. Un bon nombre de professionnels très habitués à ce genre de fluctuations affichent quand même certaines lueurs d’espoir. Le nombre des visiteurs était également en baisse lors de cette 14ème édition en comparaison avec les précédentes et ce en dépit des efforts consentis par la FISA et l’association des producteurs de viandes de volailles qui ont acheminé par autocars plus de 1.500 éleveurs pour participer au salon. Les professionnels ont modelé leurs stands à la lumière des récentes mesures visant l’adaptation de l’offre de l’exposant à la réorientation des investissements du secteur vers l’aval, notamment vers l’abattage et le conditionnement. Cette réorientation découle du nouveau contrat-programme (2011-2012) signé en avril 2011 avec le gouvernement. A ce niveau, il faut rappeler que le secteur a réalisé l’ensemble des objectifs du précédent contrat-programme avant son expiration de ce dernier. Ce contrat ciblait l’amélioration de la filière à l’amont en se focalisant sur la chaîne de production. Néanmoins, le secteur, qui a investi dans la mise à niveau de l’élevage, a été confronté selon le président de la FISA, Kaïr-Eddine Soussi, à une surproduction. Donc, il fallait trouver des modalités de régulation, soit en réduisant ou en augmentant la production. C’est ce que d’ailleurs prévoit le nouveau contrat-programme qui comporte un volet relatif à l’appui à la consommation des produits avicoles.

La surproduction accompagnée d’une baisse de la consommation est aggravée par une sensible hausse des prix des matières premières (maïs, soja, farine de poisson etc.) à l’international. Ce qui a eu comme conséquence la hausse des prix des aliments (jusqu’a 90 centimes le kilo) renchérissant ainsi le coût de revient du produit avicole (poulet de chair, dinde et œuf de consommation). Ce remue-ménage s’est soldé inéluctablement par d’énormes pertes à la vente pour les professionnels du secteur, dont certains suspendu leur chaîne de production ou ont carrément quitté le secteur pour ceux qui se sont lourdement endettés. De septembre 2010 à septembre 2011, les pertes des éleveurs sont estimées pour le poulet de chair à 2 DH le kilo vendu et à 9 centimes pour l’œuf de consommation. Le secteur produit plus 550.000 tonnes de viande par an et 3,7 milliards d’œufs, selon les chiffres de la Fédération. Pour limiter les pertes et relancer le secteur, la FISA a recommandé aux accouveurs de suspendre les investissements afin de diminuer le volume de production des poussins. Cependant, les retombées de telles mesures, ne pourront se faire sentir qu’à partir du mois de mars 2012. De l’avis des professionnels et des dirigeants de la Fisa, la tension persiste tant que la surproduction n’aura pas été maîtrisée. Le problème de surproduction ne peut être totalement maîtrisé, chose qui reste imprévisible en l’absence de statistiques fiables sur les besoins réels de la consommation interne, et le maintien du secteur dans une anarchie perceptible avec la floraison des intermédiaires qui renchérissent davantage les prix de la volaille et des œufs. De surcroît, le secteur avicole qui draine un gros chiffre d’affaires, est le seul qui offre des facilités d’accès et d’exercice même aux non professionnels et à tous les opportunistes. Ces deniers peuvent s’installer dans la filière sans débourser un seul rond, sachant que les provendes, les accouveurs et même les vétérinaires et pharmacies spécialisés n’hésitent pas à encourager ces opportunistes en leur offrant des crédits fournisseurs sans intérêts contre des chèques de garantie. Il suffit de louer des poulaillers et de frapper aux portes des fournisseurs pour disposer d’un fond de roulement substantiel. De l’avis des spécialistes, ces derniers assument une grande part de responsabilité dans la surproduction et la chute alarmante des prix à la vente.

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