Les abeilles au Maroc sont-elles assez protégées contre les pesticides toxiques

Au Maroc, il n’y a pas que les abeilles qui sont menacées par l’usage excessif et de manière anarchique des produits phytosanitaires, il y a aussi les hommes, dont la santé est exposée au quotidien aux risques d’intoxication. Ces risques sont aggravés par l’absence ou le manque de contrôle au niveau de l’utilisation et de la vente  incontrôlés de tels produits, sachant que la plupart des petits agriculteurs traditionnels sont illettrés et que les insecticides, pesticides, herbicides et autres produits dangereux sont librement vendus sur le marché. Le secteur apicole au Maroc souffre à longueur d’année de l’utilisation irrationnelle de ces produits, mais à cette date, aucune étude scientifique n’a été établie pour  dresser l’état des lieux. Pourtant, en France et en Grande Bretagne, deux nouvelles études menées séparément, viennent nous confirmer les multiples manières dont un type courant de pesticides porte atteinte aux abeilles et aux bourdons. Ces dernières années, les populations d’abeilles ont rapidement décliné un peu partout dans le monde, en partie à cause d’un phénomène connu sous le nom de Syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles. Les populations de bourdons s’avèrent aussi touchées. Les chercheurs ont avancé plusieurs causes pour expliquer ces déclins, dont les pesticides, mais la manière dont ils pouvaient agir n’était pas encore clarifiée scientifiquement. Les deux études publiées le 30 mars dernier, dans la revue américaine « Science », se sont penchées sur les effets des insecticides dits néonicotinoïdes introduits sur le marché au début des années 1990 et sont actuellement très utilisés un peu partout dans le monde pour le traitement des cultures. Le pesticide qui est commercialisé sous la dénomination de « Cruiser OSR » provoque chez les abeilles, des troubles de l’orientation qui les empêchent de retrouver leur ruche ou de se nourrir convenablement.
Dans la première étude, les chercheurs britanniques Penelope Whitehorn et Dave Goulson ont exposé des colonies de bourdons Bombus terrestris en développement à de faibles doses d’un néonicotinoïde appelé imidaclopride, comparables à celles auxquelles sont exposés les insectes dans la nature. Les chercheurs ont placé les colonies dans un terrain clos où les bourdons ont pu s’alimenter pendant six semaines dans des conditions naturelles. A la fin de l’expérience qui consistait à contrôler le poids des nids de bourdons (insectes,  cire, miel, larves et pollen), l’étude montre que les colonies exposées à l’imidaclopride avaient perdu de leur poids en raison d’une malnutrition. Ces colonies de bourdons  étaient huit à douze pour cent plus petites en moyenne que les colonies  de contrôle. Elles avaient aussi produit 85 pour cent de reines en moins, soit autant de colonies de moins l’année suivante. Dans ses conclusions, Dave Goulson a prévenu qu’au Royaume-Uni, « trois espèces sur 27 de bourdons sont éteintes » et 7 sont considérées comme en danger.
Une seconde étude similaire menée en France par une équipe dirigée par Mickaël Henry de l’Institut national pour la recherche agronomique (Inra) à Avignon est parvenu aux mêmes conclusions, en plaçant une puce électronique sur des abeilles afin de suivre leurs parcours à l’air libre. Le chercheur a constaté que les abeilles ayant consommé une dose sub-létale du pesticide thiamethoxam (famille des néonicotinoïde) avaient du mal à retrouver leur ruche, ce qui a entraîné la mort d’un grand nombre d’entre elles. En France, a expliqué Mickaël Henry au cours d’une conférence de presse à Paris, « les procédures d’autorisation des pesticides demandent surtout aux fabricants de s’assurer que les doses rencontrées sur le terrain ne tuent pas les abeilles, mais elles ont complètement négligé les conséquences de doses non létales, qui peuvent provoquer des problèmes de comportement » chez l’insecte.
Selon des études antérieures, l’imidaclopride ne cause pas directement la mort des abeilles ou bourdons, par contre il peut provoquer des troubles de mémoire et d’orientation, mais ces conclusions attendaient d’être  confirmées par une étude de terrain. Chose faite, à présent c’est aux autorités de tutelle d’interdire ces types de pesticides, car le rôle que jouent les insectes et surtout les abeilles dans la pollinisation et la préservation de l’écosystème, est un rôle vital et irremplaçable.

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