Des ONG africaines et internationales ont récemment lancé une mise en garde contre l’accaparement par les multinationales des terres agricoles africaines au détriment des pays paysans et de la sécurité alimentaire des pays concernés.
Réunies début octobre à Dakar (Sénégal) sur le thème « l’accaparement des terres agricoles », les représentants de ces ONG ont donné l’alerte sur la recrudescence du phénomène, révélant que de 2000 à 2010, plus de 56 millions d’hectares de terres agricoles en Afrique, ont été cédés à des multinationales.
Pour contrecarrer ce phénomène très en vogue dans le continent noir, cinq organisations se sont mobilisées pour sensibiliser les décideurs et les sociétés civiles à mettre un terme à l’invasion des multinationales. Il s’agit du réseau des organisations paysannes et des producteurs agricoles de l’Afrique de l’Ouest (ROPPA), Plateforme régionale des organisations paysannes d’Afrique centrale (PROPAC), Eastern Africa Farmers’ Federation (EAFF), Action Aid international, et l’Agence de coopération et de recherche pour le développement (ACORD).
Les Etats africains sont invités à adopter une attitude plus regardante dans la gestion du foncier et l’acquisition des terres, tout en prenant des mesures pour freiner le phénomène d’accaparement des terres agricoles, a soutenu le directeur du programme justice économique à l’ONG OXFAM, Mohamed Lamine Ndiaye.
Les quelque 80 millions de petits cultivateurs que compte l’Afrique, sont particulièrement exposés à ce phénomène alors qu’ils produisent, dans l’ensemble, 30 pc du PIB et 40 pc des exportations du continent noir.
La ruée des étrangers sur les terres agricoles africaines, a-t-il prévenu, menace sérieusement la sécurité alimentaire et les projets d’autosuffisance alimentaire des pays africains, surtout que les prix des produits alimentaires et des matières premières agricoles se décident au niveau du marché international.
Selon le responsable d’OXFAM, les Africains devraient utiliser leurs terres pour assurer l’autosuffisance alimentaire de leurs propres pays, et pouvoir agir sur les prix au profit des populations africaines, estimant que »c’est là que réside le problème de l’accaparement des terres ».
Et de déplorer le manque d’investissement des Etats africains pour le développement de l’agriculture, faisant, de ce fait, des paysans et petits agriculteurs une proie facile pour les multinationales à l’affût de terres agricoles cédées à des prix dérisoires.
Sur l’ensemble des pays que compte l’Afrique, seuls huit affectent plus de 10 pc de leur budget au secteur agricole, relève Lamine Ndiaye.
Les cinq ONG ont adressé à l’issue de leur rencontre, une lettre ouverte à tous les chefs d’Etat africains pour les sensibiliser à ce phénomène et les appeler à garantir la transparence dans les transactions foncières à grande échelle.