La concurrence de l’huile d’olive marocaine et ses dérivés, commencent à créer des soucis aux professionnels du secteur oléicole en Italie. La culture de l’olivier au Maroc qui se développe à un rythme soutenu dopée par les mesures incitatives des autorités de tutelles, inquiète de plus en plus les producteurs et commerçants des huiles d’olive italiens, dont le produit a longtemps prédominé sur le marché international. Avec les ambitieux programmes de plantation de dizaines de milliers d’hectares de l’olivier et la création de nouvelles unités de traitement, le secteur oléicole marocain est qualifié à occuper durant les cinq prochaines années, une pôle-position parmi les grands producteurs d’huile d’olive dans le monde. Les inquiétudes des professionnels italiens, c’est Antonio Paoletti, président de la chambre de commerce de Trieste (nord-est) qui les a étalées au grand jour en affirmant ce mardi, qu’au Maroc, « il y a des chiffres impressionnants qui devraient être une source de préoccupation ». Il a néanmoins temporisé le ton en appelant les producteurs italiens à « éviter tout alarmisme injustifié ». L’Italie, a-t-il assuré, « dispose de toutes les armes pour pouvoir répondre à cette concurrence » marocaine.
Le Maroc, a-t-il rappelé, est actuellement le septième exportateur d’huile d’olive dans le monde alors que l’Italie occupe une place d’honneur. Cependant, les exportations marocaines d’huile d’olive toutes catégories confondues, ont bondi durant les cinq dernières années, et c’est ce qui a attisé les inquiétudes des producteurs/exportateurs italiens. Durant la campagne exceptionnelle 2009-2010, la production d’huile d’olive a atteint 150.000 tonnes, contre 65.000 tonnes en moyenne, au cours des cinq dernières années, soit une hausse de 131 %. En 2010, le Maroc a exporté 24.655 tonnes d’huile d’olive brute et raffinée (50 % d’huile d’olive et autant pour l’huile de grignon), contre 4.249 tonnes un an auparavant, soit une amélioration de 480%. La valeur totale de ces transactions s’est élevée à un peu plus de 503 millions de DH contre 96 millions seulement en 2009.
Le plan oléicole marocain prévoit des investissements annuels d’un milliard d’euros répartis sur dix ans et le doublement des superficies réservées à la plantation d’oliviers qui doivent atteindre 540.000 hectares. Cette vision ressort du Plan Maroc Vert qui prévoit une aide substantielle jamais accordée au secteur. Le concours de l’Etat intervient en sus des subventions déjà accordées pour l’irrigation, le matériel agricole, l’aménagement foncier et les plantations, l’agrégation (une prime de 450 DH/ha pour le bour et de 1.100 DH/ha pour l’irrigué). Le soutien prévu en aval, s’élève à 10% du montant de l’investissement pour la création de nouvelles unités de trituration, des complexes intégrant des unités de mise en bouteille et des conserveries d’olives.
Ces « nouveaux scénarios » ont été révélés à Trieste, lors de « Olio Capitale », première et unique foire italienne dédiée exclusivement à l’huile d’olive extra vierge, organisée par Aries, une entreprise spécialisée relevant de la Chambre de commerce de cette ville.
Pour le président de la Chambre de commerce de Trieste cette foire, organisée du 2 au 5 mars, ouvre aux producteurs italiens les portes d’accès aux importants marchés, dont ceux d’Europe centrale et ceux émergents de l’Est, mais «sans prétendre offrir une solution à tous les problèmes du secteur oléicole italien ».
Durant les onze premiers mois de l’année 2011, les exportations italiennes d’huile d’olive se sont accrues de 7 pc et celles d’huile extra vierge avec dénomination d’origine, ont bondi de 13 pc. Le marché allemand a absorbé durant la même période, 5,4 pc d’huile d’olive d’origine italienne, alors que la demande des pays extracommunautaires s’est accrue de 13,5 pc.
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