Les immigrés saisonniers ne sont plus les bienvenus dans le royaume ibérique. Confrontée à une rude crise économique, et à un des taux de chômage (23 %) des plus élevés en Europe, l’Espagne tente de limiter les dégâts par les moyens de bord. Pour résoudre partiellement la problématique du chômage qui ronge déjà depuis longtemps, la population active, le gouvernement espagnol a choisi de se rabattre sur le maillon faible de la chaîne à savoir la population des immigrés. Après avoir tenté d’encourager les immigrés légalement installés dans le royaume ibérique en leur offrant des primes pour le départ volontaire, voilà que la Commission des flux migratoire décide de réduire de 60 % le nombre des travailleurs saisonniers recrutés chaque année pour la cueillette des fraises en Andalousie. En 2011, elles étaient 6143 ouvrières marocaines à franchir le détroit de Gibraltar en direction des champs agricoles de Huelva (sud de l’Espagne) mais pour la campagne agricole 2012, le choix a été porté sur 2547 candidates seulement. Les raisons invoquées pour justifier cette coupure, c’est la crise économique et la volonté de faire travailler en priorité les chômeurs espagnols qui, faute de mieux, sont obligés d’accepter l’offre pour gagner leur vie. Durant les années de vaches grasses, les travailleurs espagnols avaient renoncé à ce genre de besognes très pénibles et peu rémunératrices. Comme la Pologne, la Bulgarie et la Roumanie sont désormais devenues membres de l’Union européenne, leurs ouvriers préfèrent travailler chez eux dans les unités de production délocalisées ou aller dans des pays européens plus rémunérateurs. Pour combler ce vide, les agriculteurs espagnols se sont donc rabattus sur la main d’œuvre marocaine bien rodée aux travaux agricoles. A présent, les grandes victimes de ces changements de politique d’emploi en Espagne sont, bien entendu, les travailleuses marocaines qui étaient recrutées en masse chaque année pour aller travailler dans la filière du maraîchage et plus spécialement dans la cueillette des fraises pour un salaire qui avoisine les 11.000 DH, soit presque dix fois plus le montant qu’elles percevaient pour le même travail au Maroc. Les candidates sont sélectionnées et recrutées sur place au Maroc. Pour garantir leur retour à la fin du contrat saisonnier, les recruteurs portent leur choix sur les femmes expérimentées et mariées et ayant des enfants à charge. La décision de réduction des effectifs pour l’actuelle campagne est sûrement un coup dur à supporter par les candidates éliminées qui devraient se contenter de 35 à 50 Dirhams la journée de travail au lieu des 35 euros pour une journée de travail de sept heures en Andalousie. Un gain substantiel auquel, se sont habituées, ces travailleuses et mères de famille malgré leurs pénibles conditions de séjour et de travail décriées par le Fédération internationale des droits de l’homme.
Dans un rapport intitulé « Main d’œuvre importée pour fraises exportées » la Fédération dénonçait fin janvier dernier, les “violations des droits de l’Homme” commises au quotidien, à l’endroit des travailleuses marocaines employées dans la cueillette des fraises à Huelva, où est pratiquée cette culture de manière intensive.
Pour corriger ces dérives, la FIDH a tout simplement demandé au gouvernement espagnol d’accorder des permis de séjour permanents à ces travailleurs et d’améliorer leur statut social et de leur ouvrir la porte du regroupement familial. Une affaire à suivre.
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