Les apiculteurs européens sont de plus en plus inquiets pour la santé des abeilles et l’avenir du secteur.
Une étude scientifique publiée mercredi dernier, est venu amplifier les inquiétudes des professionnels en révélant la nocivité de certains pesticides pour la santé des abeilles.
Le 16 janvier, l’autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) avait rendu des conclusions, qualifiées d' »inquiétantes » par la Commission européenne, sur l’impact sur le nectar et le pollen des trois molécules appelées néonicotinoïdes et qui sont utilisées dans la fabrication de certains pesticides. La Commission européenne a proposé cette année, l’interdiction pendant deux ans, de ces pesticides pour quatre grandes cultures (le maïs, le colza, le tournesol et le coton). Les pesticides incriminés auraient occasionné un taux élevé de mortalité chez les abeilles durant les dernières années en Europe. Néanmoins, la proposition de la CE ayant rejetée à la mi-mars par une majorité d’Etats à Bruxelles, a été reprogrammée pour une nouvelle consultation, prévue pour le printemps et pourrait en cas d’adoption, entrer en vigueur à partir du1er juillet 2013.
L’étude s’intéresse à l’impact sur la santé des abeilles, qu’occasionne l’utilisation de deux néonicotinoïdes, ainsi qu’un autre type de pesticides, appelés organophosphorés, en l’occurrence le coumaphos, parfois utilisé contre le parasite Varroa qui s’attaque aux abeilles dans les ruches.
Christopher Connolly, chercheur au centre de recherche médical de l’université de Dundee (Ecosse) et co-auteur de cette étude soutient qu’ »ensemble, ces deux classes de pesticides montrent un impact négatif plus grand sur le cerveau de l’abeille et semblent inhiber l’apprentissage des abeilles ». Ils perturbent ainsi la mémoire et le sens de l’orientation de l’abeille.
En France, les apiculteurs affiliés à l’Union nationale des apiculteurs français (Unaf) se sont mobilisés ce mercredi dans plusieurs régions pour demander à leur ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, d’interdire certains pesticides, indépendamment d’une future décision de la Commission européenne à ce sujet.
«La situation est catastrophique», a soutien Henri Clément, porte-parole de l’Unaf, en rappelant que le taux de mortalité des abeilles était passé de 5% dans les années 1990 à 30% aujourd’hui, et que la production nationale de miel avait été divisée par deux pour tomber à 16.000 tonnes par an.