Un nouveau traitement à base de plantes naturelles contre le Bayoud, un feu bactérien qui s’attaque aux palmiers dattiers, vient d’être testé avec succès en Algérie. La découverte des chercheurs algériens suscite de vifs espoirs pour les producteurs de dattes maghrébins qui redoutent fortement ce champignon, grand ravageur des palmiers dattiers. Selon l’équipe des chercheurs algériens, certaines plantes vénéneuses du désert s’avèrent efficaces dans l’anéantissement du Fusarium oxysporum forma specialis albedinis (Foa), l’agent responsable de la maladie du Bayoud.
Les chercheurs algériens ont identifié les extraits de quatre plantes qui semblent être efficaces contre le champignon responsable du Bayoud. Ce dernier qui se propage principalement par le contact entre les racines, n’est combattu pour l’instant, qu’en isolant les palmiers saints de ceux qui sont affectés (Voir notre article « La Tunisie craint l’importation d’Algérie du Bayoud et du feu bactérien ». Des chercheurs de l’Université de Béchar (sud-ouest algérien) ont récemment testé des extraits de ces plantes qui poussent dans le désert et qui sont déjà utilisées par les populations locales comme traitement traditionnel contre des champignons. Après les premiers tests, les extraits des plantes ont réussi à freiner la croissance du Fusarium oxysporum chez le palmier dattier.
Dans un article paru dans le numéro de février du magasine électronique «Agriculture du Maghreb», le Directeur du Laboratoire de phytochimie et de synthèse organique de l’Université de Béchar, Abdelkrim Cheriti affirme que la plupart des plantes du désert produisent des substances qui les aident à s’adapter à leur environnement et à se prémunir contre les maladies. «Notre idée, explique-t-il, consistait à utiliser ces métabolites, prélevés sur des plantes qui poussent dans le même environnement que les palmiers dattiers, et qui sont capables de résister au Bayoud, pour développer un traitement efficace adapté au palmier dattier».
De premiers essais sur le terrain effectués en octobre 2011, dans des palmeraies du Sud-Ouest de l’Algérie, se sont avérés concluants, mais les conclusions définitives ne peuvent être tirées qu’après une période d’essai d’au moins trois ans. «Le Bayoud nuit gravement à la production des dattes en Afrique du Nord et a pratiquement décimé une partie des meilleures souches de la palmeraie », rappelle pour sa part, Ben Aichi Bachir, professeur universitaire d’économie à Biskra. Rien qu’au Maroc, cette pathologie épidémique aurait décimé, selon des estimations non confirmées, près de 12 millions de palmiers en un siècle, avant de se propager en Algérie.
Si le nouveau traitement naturel est validé après un essai à grande échelle, il pourrait prémunir les palmiers du champignon et améliorer la production des dattes dans la région, tout en réduisant les coûts de production, assure-t-il, précisant que la nouvelle technique serait moins coûteuse que les approches actuelles dans le traitement du Bayoud.
Cependant il faudra encore attendre les résultats des tests à grande échelle du nouveau traitement avant d’en tirer les conclusions définitives. Les premiers tests laissent croire que ce traitement constitue une étape cruciale dans la recherche d’une solution définitive à ce fléau ravageur, déclare de son côté, Nadia Bouguedoura, Directrice d’un laboratoire de recherche sur les zones arides, précisant que les nouvelles approches de lutte sont encore à une phase préliminaire. « En attendant sa validation, le contrôle génétique par la reproduction des espèces résistantes à la maladie du Bayoud reste le seul moyen efficace de lutter contre la maladie », conclut-elle.
Environ 70% des 120 millions de palmiers dattiers sont concentrés dans les pays arabes, principaux producteurs et exportateurs mondiaux de dattes, pour une valeur annuelle estimée, selon la FAO, à plus de 1 milliard de dollars.
Le Bayoud qui sévit depuis des décennies au Maroc et en Algérie, provoque un dépérissement rapide du palmier dattier qui conduit à sa mort inéluctable. Selon les experts de la FAO, la maladie présente le risque de se propager inexorablement vers les autres pays producteurs d’Afrique du nord et du Moyen Orient et d’y créer de graves problèmes humains, sociaux et économiques, compte tenu du nombre importants des populations, dont les dattes constituent une source de revenu vitale. Si le nouveau traitement s’avère efficace contre le Bayoud, il aura le double avantage de stopper la progression de la maladie et d’être à la portée de la bourse de tous les producteurs.
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